2009-05-04

CENNES NOIRES


Dans mon pot de coeur il ne reste que quelques cennes noires.
De petites et vieilles cennes noires, qui est tout ce que l’hiver m’a laissé dans le ventre.
Un hiver qui a emporté le reste : l’or, l’argent, les bijoux. Les sourires, la chaleur, la magie, les conversation avec un verre de vin quand on est tristes.

Des cennes noires. De petites miettes d’un pot si grand et autant rempli. Que je le croyais parfois débordant.

On nous apprend souvent à avoir peur de l’amour et des sentiment trop puissants : je me disais, ceci est dangereux, le pot va déborder. Qui est une manière comme une autre de dire j’ai besoin de toi mon amour. Pour vivre, pour respirer, pour faire le pas suivant dans ma balade dans cette ville.

Et je me demandais, moi qui regarde maintenant ces cennes noires, si cet amour était correct tellement il me débordait les yeux et les muscles. Et maintenant je me demande, moi qui craignais l’inondation, comment j’ai pu faire pour garder seulement quelques cennes noires de mon amour pour toi.

De petites et vieilles cennes noires.
De petites et collantes cennes noires qui se cachent dans nos fonds de sacs, dans nos trous de poches, dans la poussière des meubles qu’on ne bouge jamais.

Ces vieilles et banales cennes noires qu’on donne aux enfants et on ne regrette pas de perdre dans la rue. Ces cennes noires qui ne valent même pas l’énergie qu’on met à les ramasser sur le trottoir.
Ces cennes noires, persistantes, insistantes, oubliables, invisibles, incomptables.

Sur ma main. Dans mon cœur.

Comme le plus grand trésor que je n’ai jamais eu.

Les cennes noires dans les fonds les trous les poussières, qui apparaissent juste au moment où j’en ai vraiment besoin.
Comme le matin quand il n’y a plus de lait et je ne sais pas si j’aurais assez d’argent dans mes poches et que les cennes noires cachées se dévoilent dernière minute.
Comme les jours où je pleure et je les voie briller sur le trottoir et je me rappelle que ma mamie disait que les cennes noires portent bonheur. Et j’arrête de pleurer et je ne les ramasse pas, car il y a beaucoup d’autre gens qui ont besoin de bonheur.

J’ai rêvé que les cennes noires restaient des cennes noires pour me rappeler qu’un dollar n’est plus qu’un tas de cennes noires. Et que les billets s’en volent et se perdent, mais que les cennes noires restent et se trouvent.

J’ai rêvé d’une légende urbaine sur quelqu’un qui multipliait de poissons et des bagels. Si j’apprend ce tour de magie je pourrai moi aussi multiplier les cennes noires.

J’ai rêvé que les feuilles des érables étaient des cennes noires. Je les ramassais avec du sucre dans mes veines et on faisait fondre la neige avec la tire.

Je regarde par terre, mes yeux affamés de toi, à la recherche de petites vieilles pièces dont seulement les enfants de 5 ans et moi comprenons l’importance. Et je les vois briller sur le trottoir, au bord des tracks, sous les restes de neige.
Et sans jamais les ramasser, car il y a beaucoup d’autres gens qui en ont besoin, je peux te dire que je les ai retrouvées.
Des cennes noires de mon amour pour toi.

Dans ma main. Sur mon cœur.

texte et dessin dans Open Your Eyes And Make A Wish, by Riot Coco, may 2009

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